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Les petits points
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13 janvier 2009

Future interne Embryologie, biologie cellulaire

  Future interne

Embryologie, biologie cellulaire et biochimie du gène, non, ce n’est pas les paroles d’une nouvelle chanson paillarde, mais le nom des épreuves que passera Ophélie Carlino à la mi-janvier. Elle est grande, belle, brune, aux yeux bleus avec une tchatche à l’italienne. Pourtant cette année, elle a mis son charme de côté pour se consacrer à ses études. vacances_2007_128
   Ophélie a 20 ans, pour la troisième année consécutive, elle tente de réussir sa première année de médecine.  Une année qui demande du courage et des sacrifices. Elle s’accroche malgré les crises de nerfs hebdomadaires. Jeune étudiante, elle se retrouve noyée au milieu d’une foule de 1500 étudiants en première année à Strasbourg.  En France, une promotion peut être composée de plus de 3000 élèves. La concurrence est rude et les chances de réussite sont limitées à 10% dans chaque promotion. A la fin de l’année à Strasbourg, moins de 200 étudiants pourront passer au niveau supérieur. Le numerus clausus est le nom barbare donné à cette épuration élitiste. Ophélie déteste ce nom. « Il faut absolument que je sois dans ce « foutus numerus clausus des abrutus », sinon je m’en voudrai toute ma vie.» Elle n’a plus le droit à l’erreur, si elle loupe encore une année, elle sera définitivement exclue des études de médecine, une situation qu’elle prend avec un humour grinçant : « Je n’ai pas le droit à l’erreur. Mais c’est décidé,  si je loupe mes examens, je donne tous mes organes à vif. Au moins, j’aurai servi la médecine sans me casser la tête pendant 10 ans d’études.» Battante, elle ne se laisse pas aller, en partie grâce à ses proches qui la soutiennent chacun à leur manière. Fille d’un père italien et d’une mère alsacienne, elle a grandi au côté de sa sœur Emilie au nord de Strasbourg et vit encore sous leur toit. « Mes parents me soutiennent différemment. Mon père me donne des coups de pied aux fesses à chaque fois que je baisse les bras et ma mère me mitonne de bons petits plats quand j’ai un moment de déprime. Ça m’aide beaucoup. » Du soutient elle en a besoin. La charge de travail à fournir est colossale et les examens nationaux approchent. A partir du 13 janvier, le stylo à la main, les tripes nouées, elle n’aura plus qu’à disséquer sur papier ce qu’elle a appris.

Une victime sans remède

Il y a un an, elle organisait des sorties festives chaque soir avec ses amis, aujourd’hui elle ressemble à un ermite sans moustache, shooté au « café-clope ». Et lorsqu’elle révise à la bibliothèque, c’est seulement pour connaitre à quel niveau sont ses petits camarades de promotion. Les lois de vie en première année de médecine sont sévères. L’individualisme est revendiqué sans honte. « On est dans une cage aux lions, il faut bouffer celui qui est à côté de toi pour gravir les échelons.  Si t’as l’occasion de donner de faux cours, il ne faut surtout pas hésiter. C’est tout à fait légitime en médecine, c’est une sorte d’éthique sans éthique. Je ne l’ai encore jamais fait. » Dans cette ambiance stressante, Ophélie tente de se détendre comme elle peut. Mis à part les dix clopes de la journée, qu’elle déguste avec un plaisir malsain. Elle s’autorise quelques sorties au cinéma qu’elle apprécie énormément. « J’adore les films cucul, à l’eau de rose, je n’ai pas besoin de réfléchir, ça me détend les méninges. Et puis ça équilibre avec le néant de ma vie sentimentale et sexuelle. Je n’ai pas vraiment le temps d’y penser. » Du temps, elle n’en a pas beaucoup, avec une moyenne de 14 heures de travail par jour, elle tente de tenir le coup comme elle peut. Guronsan, caféine et antidépresseur sont les nouvelles drogues d’une étudiante victime de la surpopulation dans les amphithéâtres.  Malgré ces nombreux sacrifices elle a une ambition : « Pédiatre, je veux devenir pédiatre ! ». Alors si l’abus de Guronsan ne l’aura pas conduite à l’hôpital plus tôt que prévu, son engagement et sa détermination pourront qu’être facteur de réussite.

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